La seule certitude que j’ai…
Du au
Petit théâtre - Salle Jean Bouise
1h15
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À propos
La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute
Du mardi 5 au samedi 16 novembre 2013On dirait que nous nous serions rencontrés à l’école sur le banc de touche de ceux qui ne jouent pas au football.
On dirait que toi (tu permets que je te tutoie maintenant qu’on est amis) tu serais « prem » en français et moi « prem » en récitation. Adolescents, on aurait eu tous les deux des boutons plein la figure et pour séduire les filles, qui sortent toujours avec des « plus-grands-sans- boutons-qui-jouent-au-foot » on les aurait fait rigoler avec des textes au verbe héroïque.
Et pendant que j’apprendrais la vie et la mort en compagnie de Shakespeare, Molière et Tchekhov, tu taillerais en pièces les idées reçues, la bêtise, la lâcheté, avec une bassesse d’inspiration « volant au-dessus de la ceinture du moindre nain », malgré quelques bouffées de tendresse pouvant se compter sur les doigts de la main du baron Empain. Puis on dirait encore que quand je serais entré à la Comédie-Française, tu m’aurais écrit une lettre pour me dire que tu étais mon ami et que tu avais envie de le rester…
Enfin, un jour, nous nous serions baladés sans parler sur les sentiers de Picardie. Là, je t’aurais montré un assemblage de textes que j’aurais réunis sous le titre d’une petite phrase que tu avais lancée dans un éclat de rire à la fin d’un entretien : « La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute. »
Ces textes juxtaposés auraient signifié le partage d’un territoire commun à notre amitié. Ce serait tout ce que je préfère de toi, que je n’aurai jamais le talent d’écrire mais que je pourrais faire entendre sur une scène de théâtre. Une alliance fraternelle. Tu serais venu à la première et tu m’aurais dit avec ton sourire cyclopédien :
— Desproges à la Comédie-Française… étonnant, non ? Et je t’aurais répondu : non. Et nous serions allés boire un verre de Château Figeac pour oublier les crabes et les vautours.
Christian Gonon, sociétaire de la Comédie-Française, 4 janvier 2010
Extrait d’une lettre ouverte à Monsieur Pierre Desproges.© Collection Comédie Française
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Biographie
Pierre Desproges Né en 1939, il est auteur et humoriste célèbre pour ses formules grinçantes et son esprit anticonformiste. Il a exercé les métiers les plus divers avant de se tourner vers l’écriture. D’abord rédacteur d’une rubrique au journal L’Aurore, il devient chroniqueur, dans les années quatre-vingt, pour des émissions de radio et de télévision et écrit des réquisitoires pour le Tribunal des flagrants délires, prodigue Les Bons Conseils du Professeur Corbiniou et déclame La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède. En 1985, il crée son premier one-man-show qui tourne dans toute la France. Desproges a également publié plusieurs ouvrages : Dictionnaire à l’usage de l’élite et des bien nantis, VIVONS HEUREUX EN ATTENDANT LA MORT, Le Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis, Chroniques de la haine ordinaire, et le roman Des femmes qui tombent. Auteur de l’aphorisme «Plus cancéreux que moi, tumeur ! », il est décédé en 1988.
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Distribution
Avec Christian Gonon, sociétaire de la Comédie-Française
Lumières Éric Dumas
Musique Jérôme DestoursProduction Comédie-Française, Studio-Théâtre
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Vidéo
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Documents
Le dossier de presse (PDF, 301 ko) (pdf / 294ko)
Le programme de salle (PDF, 540 ko) (pdf / 528ko)