Jean Bellorini et l’équipe du TNP pensent à vous
- Édito
Aucune salle
- Adapté aux scolaires
-
À propos
De tout, il resta trois choses :
La certitude que tout était en train
de commencer,
la certitude qu’il fallait continuer,
la certitude que cela serait interrompu,
avant que d’être terminé.
Faire de l’interruption, un nouveau chemin,
faire de la chute, un pas de danse,
faire de la peur, un escalier,
du rêve, un pont,
de la recherche…
une rencontre.
Fernando Sabino
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Il n’est pas aisé pour moi de prendre la parole sans vous connaître. Et sans que vous me connaissiez. Pour autant je ne veux pas rester plus longtemps silencieux.
Que c’est triste un théâtre fermé !
L’équipe permanente du TNP est pour la plupart (lorsque cela est possible) au travail – au télétravail ! Nous apprenons à nous connaître aussi, à distance.
Nous préparons assidûment la saison prochaine. Nous rédigeons la brochure, nous précisons les plannings, Serge Bloch dessine les affiches.
Pour ce qui est de l’activité de tournée, elle est depuis mon arrivée importante. Aussi trois productions étaient sur les routes et se sont vues arrêtées net. Et enfin je devais mettre en scène Le Tartuffe de Molière, en italien, avec des acteurs napolitains. C’est évidemment reporté, j’espère à l’automne 2021.
L’atelier de construction des décors lui aussi est fermé et je ne vous cache pas mon inquiétude pour les productions à venir, notamment la création Orfeo, le jeu des ombres, prévue en juillet 2020 au Festival d’Avignon. Nous continuons avec Valère Novarina à échanger autour de son texte. Je lui avais demandé d’écrire autour du mythe d’Orphée. La pièce semble étrangement parler de ce que nous vivons en ce moment : la peur de la perte de l’être aimé, la nature qui reprend ses droits.
Avec les acteurs, nous continuons à rêver, à échanger de loin, à construire notre imaginaire partagé. Nous espérons pouvoir reprendre les répétitions en mai.
Je veux résolument croire que chaque crise peut rendre plus fort. La spirale dans laquelle notre société a plongé s’est brisée. Peut-être saurons-nous en tirer parti et ne pas recommencer la même folie.
Je réalise combien le théâtre est l’art du vivant, l’art du présent, l’art de la communication de chair et de sang, l’art de la rencontre entre la pensée et l’émotion partagée. Le théâtre ne sera jamais remplacé par aucun autre média que la rencontre directe des êtres humains ici et maintenant.
Pour autant, nous désirons garder un lien régulier avec vous – c’est peut-être l’occasion de commencer à fêter le centenaire du TNP en mettant en ligne des moments forts de son histoire. Car vous le savez, en novembre prochain, le TNP célébrera son aventure. Des créations, les spectacles de grandes troupes d’ici et d’ailleurs, des soirées exceptionnelles en hommage aux artistes directeurs auront lieu.
Alors commençons : à partir du vendredi 3 avril, vous aurez la possibilité de découvrir une page de l’histoire du TNP. Des captations intégrales de spectacles créés au TNP, des témoignages de ses grands acteurs et actrices, des moments de répétitions… De quoi composer un bouquet de souvenirs, de voix, d’images glanés au fil des années.
Dans ces circonstances exceptionnelles, la responsabilité et l’engagement de tous sont essentiels. Je l’ai déjà annoncé, le TNP honorera tous les salaires et les contrats envers les compagnies, les artistes, les techniciens des spectacles. Nous nous devons d’être exemplaires.
Je veux témoigner ma gratitude au personnel de santé qui travaille sans relâche pour que nous sortions de cette crise sanitaire, et soutenir celles et ceux qui en sont les victimes.
Gageons que cette mise à distance sociale, si impérative soit-elle, permettra de belles retrouvailles artistiques et humaines.
Prenez soin de vous et de vos proches.
Jean Bellorini et l’équipe du TNP.