Les Messagères

d’après Antigone de Sophocle
mise en scène Jean Bellorini

  • Afghanistan
  • Répertoire

Du au

salle Roger-Planchon

1 h 45 du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche le lundi

Réserver

  • Distribution

    avec L’Afghan Girls Theater Group :
    Hussnia Ahmadi, Freshta Akbari, Atifa Azizpor, Sediqa Hussaini, Shakila Ibrahimi, Shegofa Ibrahimi, Tahera Jafari, Marzia Jafari, Sohila Sakhizada
    collaboration artistique Hélène Patarot, Mina Rahnamaei et Naim Karimi
    lumière Jean Bellorini
    création sonore Sébastien Trouvé

    Le texte qui ouvre le spectacle est issu de l’album de Martine Delerm  Antigone peut-être, paru aux éditions Cipango. Le texte final a été écrit par Atifa Azizpor, comédienne de l’Afghan Girls Theater Group.

    • production Théâtre National Populaire
    • avec l’aide exceptionnelle de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes – ministère de la Culture
  • Biographies

    Jean Bellorini

    Attaché aux grands textes dramatiques et littéraires, Jean Bellorini crée des spectacles qui mêlent étroitement théâtre et musique. Avec sa troupe, il a monté des textes de Victor Hugo, François Rabelais, Bertold Brecht ou Fédor Dostoïevski. Depuis 2020, il est directeur du TNP.
    À l’automne 2020, il crée Le Jeu des Ombres de Valère Novarina, présenté lors de la Semaine d’art en Avignon, et en 2022 Le Suicidé, vaudeville soviétique de Nicolaï Erdman. La même année, il est invité par le Teatro Di Napoli – Teatro Nazionale et crée Il Tartufo de Molière. Sa création Les Messagères d’après Antigone de Sophocle, avec les comédiennes de l’Afghan Girls Theater Group, est présentée au TNP en juin 2023. En novembre 2023, il signe la mise en scène de David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier, créé à l’Opéra de Caen et dirigé par Sébastien Daucé. En janvier 2024, il crée en Chine Les Misérables, d’après le roman de Victor Hugo, avec Yang Hua Theatre au Poly Theatre de Pékin. Il travaille actuellement sur Histoire d’un Cid, d’après Corneille, qui verra le jour à l’été 2024 dans le cadre des Fêtes Nocturnes 2024 du Château de Grignan.

    L’Afghan Girls Theater Group

    Nées en Afghanistan au début des années 2000, les comédiennes de l’Afghan Girls Theater Group se rencontrent entre 2015 et 2019, réunies autour du metteur en scène Naim Karimi. Depuis sa création fin 2015, la troupe a créé plusieurs spectacles : une partie du Malentendu d’Albert Camus, en 2018, Black Fears, Zombies, d’après plusieurs auteurs, en 2019, ou bien Victims of War. Les pièces ont notamment été jouées à l’Institut français d’Afghanistan (IFA), à Kaboul.
    En août 2021, elles fuient leur pays natal et rejoignent la France. Début 2022, elles jouent dans le spectacle Le poème est une épée, sous la direction de la dramaturge Estelle Dumortier, rendant hommage aux femmes à travers des poèmes d’autrices afghanes témoignant de leur combat pour la liberté. En mai 2022, à l’occasion de la présentation de saison du Théâtre National Populaire, elles participent à une lecture poétique sous la direction de Jean Bellorini. En novembre 2022, elles créent le spectacle Le rêve perdu, présenté au Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon, en collaboration avec Naim Karimi et Joris Mathieu.

    Hélène Patarot

    Hélène Patarot travaille au théâtre avec Peter Brook dans Le Mahabharata, en tournée mondiale pendant dix-huit mois ainsi que dans la version cinématographique. Elle joue dans L’Os de Tierno Bokar au Théâtre des Bouffes du Nord, également en tournée mondiale. Elle travaille également comme costumière pour Peter Brook. À Londres, où elle a vécu pendant douze ans, elle travaille avec le Théâtre de Complicité sous la direction de Simon McBurney. Elle joue dans Les Trois Vies de Lucie Cabrol au Théâtre Riverside et en tournée internationale, et dans Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht. Elle joue avec et sous la direction de Vanessa Redgrave dans Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare ainsi que dans India Song de Marguerite Duras dirigé par Annie Castledine. À Paris, elle tourne dans Tengri avec Marie de Poncheville. Elle interprète aussi des rôles dans L’Amant de Jean-Jacques Annaud, La vie est un roman d’Alain Resnais, et Paris je t’aime de Christopher Doyle. Au théâtre, elle interprète le rôle d’un homme avec Dan Jemmett dans Dog Face. Elle joue aussi dans Les Bas-Fonds de Maxime Gorki avec Lucian Pintilie présenté au Théâtre de la Ville, et au Festival d’Avignon dans Phèdre de Jean Racine mise en scène par Anne Delbée. Elle est dirigée par Jean Bellorini dans Un instant, d’après À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, puis dans Le Jeu des Ombres en 2020. Hélène Patarot adapte également des nouvelles d’Anton Tchekhov pour Lilo Baur dans le cadre du spectacle Fish Love présenté au Théâtre de la Ville.

    Naim Karimi

    Naim Karimi est un chiite de l’ethnie hazara de la province de Ghazni, située dans le district de Jaghori. En 2009, il sort diplômé en cinéma et en théâtre de l’École des Beaux-Arts de Kaboul.
    Il a tourné deux courts-métrages de fiction, deux courts-métrages documentaires et a monté divers spectacles de théâtre en Afghanistan.
    Il commence son travail et ses activités culturelles, artistiques et écologiques à l’ONU en Afghanistan. De 2013 à août 2021, il collabore avec une organisation allemande dans dix provinces d’Afghanistan dans le domaine de l’éducation, de la culture et du social.
    Naim a organisé plusieurs expositions de photographies et des festivals d’étudiants en arts à Kaboul et dans certaines provinces d’Afghanistan. En 2018, il organise à Berlin l’exposition photographique Un Enfant en Afghanistan, en collaboration avec UNICEF.
    En 2015, encourageant des jeunes filles à participer à des activités artistiques à Kaboul, il forme l’Afghan Girls Theatre Group. De 2016 à 2020, le groupe joue plusieurs pièces à Kaboul dont Le Malentendu d’Albert Camus. Depuis août 2021, Naim et les jeunes comédiennes sont installés à Villeurbanne.
    Naim dit : « Quand tu dis que ce travail est impossible, fais attention ! Car ce qui était impossible hier, est possible aujourd’hui. »

    Sébastien Trouvé

    Il est concepteur sonore, ingénieur du son et musicien. Après ses études, il crée sa propre structure de production audiovisuelle et de développement artistique, Sumo LP. Parallèlement, il collabore avec différents metteurs en scène, dont Jean Bellorini. En 2013, il fonde un nouveau studio d’enregistrement dans le XXe arrondissement de Paris, le studio 237 et travaille comme concepteur et ingénieur du son à la Gaîté Lyrique à Paris. Il est à l’origine de la création sonore de l’exposition Habiter le campement à partir du texte Par les villages de Peter Handke, accueillie au Théâtre Gérard Philipe. Il mène en 2016-2017 un projet de création sonore et visuelle sur la base d’un logiciel qu’il a lui-même conçu avec une classe d’accueil de Saint-Denis, travail qui donne lieu à une exposition interactive sonore et visuelle en mai 2017 au Théâtre Gérard Philipe. Il réalise en 2017-2018 la création sonore du spectacle La Fuite !, mis en scène par Macha Makeïeff. Il compose aussi pour Les Sonnets, projet avec de jeunes amateurs de Saint-Denis, mené par Thierry Thieû Niang et Jean Bellorini en 2018, pour Un instant, d’après À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, créé en 2018 au Théâtre Gérard Philipe ainsi que pour Onéguine, d’après Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine, en 2019, deux mises en scène de Jean Bellorini. En 2019, il réalise la création sonore et la musique du spectacle Retours/Le Père de l’enfant de la mère de Fredrik Brattberg, dans la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia. La même année, il collabore de nouveau avec Macha Makeïeff en créant l’univers sonore de Lewis versus Alice, d’après Lewis Carroll spectacle créé en juillet au Festival d’Avignon. En 2020, retrouve Jean Bellorini pour la création du Jeu des Ombres de Valère Novarina – spectacle initialement prévu en Cour d’Honneur de l’édition 2020 annulée du Festival d’Avignon, puis programmé lors de la Semaine d’art. En 2021, à l’occasion du Centenaire du TNP, il crée avec Agnès Pontier l’exposition 100 ans d’histoire en sons éclairés, une expérience à la frontière du son, du dessin et de la lumière. Il retrouve Macha Makeïeff et signe la création sonore de Tartuffe-Théorème et Dom Juan. 

  • La presse en parle

    Dans le face à face d’Antigone et Ismène, deux destins du peuple se dessinent, soumis à la loi inique du roi. Ici, les sœurs se ressemblent, elles se font les deux faces d’un destin féminin de l’Afghanistan contemporain, où celles qui se révoltent sont exécutées et celles qui survivent deviennent les témoins forcés des horreurs commises sous leurs yeux. […] Quelque chose néanmoins finit par sauter aux yeux, alors que la tragédie avance et qu’Antigone s’apprête à mourir. Certes, un prologue (extrait d’Antigone peut-être de Martine Delerm) et un épilogue (signé Atifa Azizpor, l’une des comédiennes), cousus à la pièce, se chargent de faire directement référence à leur histoire, laquelle a tout à voir avec les mots de Sophocle. Mais là, au milieu, ces passeuses d’un témoignage afghan viennent occuper enfin, par-delà l’assignation forcée à leur tragédie nationale, un pays commun.

    Samuel Gleyze-Esteban, L’Œil d’Olivier

    Impossible de dissocier l’aventure de ces neuf jeunes femmes échappées d’Afghanistan du spectacle qu’elles interprètent à partir d’Antigone de Sophocle dans une mise en scène de Jean Bellorini au Théâtre National de Villeurbanne. Les Messagères concentre aventure artistique, politique et humaine, offrant une expérience aussi belle qu’émouvante et la retraversée limpide d’un classique. Si Messagères elles sont, c’est d’une humanité que rien ne peut éteindre et qu’éternellement véhiculent les chefs d’œuvre, surtout quand ils sont si bien mis en scène.

    Eric Demey, Sceneweb

    Dans la salle Roger-Planchon, l’air semble soudain avoir changé d’épaisseur. Durant une heure et demie de filage, les actrices vont incarner Antigone, Ismène, Créon, Hémon ou le Messager, et elles y mettent de la profondeur. La forme est inachevée, mais l’émotion est là et ne lâche pas le spectateur. Car, comme dans la pièce, derrière Antigone, le sort de ces jeunes comédiennes fut scellé par la violence des hommes.

    Sylvia Zappi, Le Monde

    Dans l’élégant écrin esthétique conçu pour elles par Jean Bellorini une vaste étendue d’eau sous une pleine lune, les neuf comédiennes déploient un jeu tout en retenue, d’une profondeur sensible et poignante, non sans une pointe d’humour. Le metteur en scène a choisi de titrer le spectacle Les Messagères. « C’est nous, sourit Hussnia. J’espère que le public nous entendra. L’Afghanistan ne se résume pas à la guerre et aux talibans ! Nous sommes des filles fortes et nous nous battons pour partager la beauté de notre culture et de notre langue. » Sur la scène, c’est en dari surtitré en français qu’elles font résonner sur le plateau de Villeurbanne les vers de Sophocle. Avec l’espoir tenace de ramener un jour cette Antigone à Kaboul.

    Marie-Valentine Chaudon, La Croix

    La réussite formidable de ce spectacle tient précisément à la façon dont Jean Bellorini enchaîne habilement mouvements et péripéties. Avec un travail méticuleux de direction d’acteurs, il offre aux comédiennes suffisamment d’espace et de souffle pour exprimer aussi bien collectivement que chacune à sa manière non seulement l’émotion suscitée par le déroulement inexorable de la tragédie, mais aussi une paradoxale dimension d’espoir avec, quand cela s’y prête, une dose de comique gérée avec tact. Il en résulte un spectacle prenant, juste, nourri de tendresse, de sensibilité et d’une profonde humanité.

    Transfuge

    On essaie de ne pas abuser des superlatifs, mais répétons le, ce travail est admirable car il est une réponse à toutes les violences qui déchirent le monde, de l’Afghanistan aux banlieues françaises enflammées, en passant par l’Ukraine. Leur noblesse morale, leur tenue –pas de jérémiades-, leur fierté et leur humilité à défendre les « personnages », donnent au propos puissant de Jean Bellorini, un éclatant et bouleversant supplément d’émotion et ne brouillent jamais l’essentiel : le sens de la tragédie de Sophocle.

    Le Journal d’Armelle Héliot

Spectacle en dari surtitré en français.

Fin juillet 2021, la situation en Afghanistan se détériore rapidement ; les talibans progressent et reprennent tout le pays, jusqu’à Kaboul. Parmi les Afghans qui cherchent à fuir le pays, les artistes courent le plus grand danger. En réponse à l’appel de Kubra Khademi, artiste plasticienne et performeuse, Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon et Jean Bellorini décident d’accueillir une troupe composée de neuf jeunes comédiennes et d’un metteur en scène : l’Afghan Girls Theater Group.

Interprétée en langue dari et surtitrée en français, cette création est fidèle à la tragédie antique.
Les actrices se mettent au service de l’histoire d’Antigone, la jeune femme qui brave en toute conscience l’interdit du roi de Thèbes afin d’accomplir les rites funéraires destinés à son frère, Polynice. Comment l’amour peut-il faire face à la tyrannie ?
Deux millénaires après Sophocle, Les Messagères sont ces citoyennes afghanes qui s’insurgent – pour elles, pour leurs sœurs et au nom de toutes les antigones.