L’Avare

de Molière / mise en scène Ludovic Lagarde

  • Spectacle invité

Du au

Grand théâtre, salle Roger-Planchon

2h40

  • À propos

    Au centre du dispositif, l’avarice et son avatar, la rétention. Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’argent ici, au contraire — mais il ne circule pas. Il n’a plus de valeur d’usage. Il semble être devenu l’objet d’un culte mortifère. Tout peut être sacrifié à l’argent, puisque rien d’autre ne compte, rien ne vaut, plus rien n’a de prix…, rien que l’argent, justement.

    Pour cette nouvelle morale, un seul impératif, catégorique comme il se doit : sans odeur, invisible, l’argent doit engendrer l’argent, toujours plus. Sans que personne n’en jouisse. Sauf l’avare, puisque son bien est très exactement un argent qui ne sert à rien sinon à le faire désirer, lui. Difficile de renvoyer la pièce de Molière au seul XVIIe siècle…

    Pourtant, ce serait tentant car jamais l’avarice n’est avouable, pas plus aujourd’hui qu’hier. Mais elle a traversé le temps, et si l’on pense aux romans du XIXe – au père Grandet de Balzac, par exemple -, aujourd’hui, un auteur comme Don DeLillo pourrait aussi en raconter l’histoire. Celle d’un adorateur mystique, ascétique et malade de l’argent qui, plus que jamais, nous fait rêver, nous manque, nous fait souffrir et nous obsède. L’avare ici sera familier, paranoïaque et sadique, grotesque, dans cette société en crise qu’il ordonne, où l’argent règne en despote. Sans perruque ni chandelier. L’action se passe aujourd’hui dans un entrepôt, où l’avare engrange, en caisses, ses biens avec force alarmes et caméras de surveillance.

    © Pascal Gély

  • Biographies

    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, né en 1622 à Paris, est comédien et auteur dramatique. En 1659, il monte la pièce Les Précieuses ridicules qui lui apporte la célébrité et l’entrée à la Cour. La troupe obtient ensuite la salle du Palais Royal et Molière remporte de grands succès avec L’École des femmes, Le Bourgeois Gentilhomme, Les Femmes savantes. D’autres pièces, en revanche, recevront un accueil mitigé, comme L’Avare, ou feront scandale malgré le soutien du Roi, comme Dom Juan et surtout Le Tartuffe. Après une représentation du Malade imaginaire, sa dernière comédie- ballet où il tenait le rôle d’Argan, Molière meurt en 1673.

    Ludovic Lagarde, metteur en scène de théâtre et d’opéra, dirige la Comédie de Reims depuis janvier 2009. En 1993, il crée Sœurs et frères d’Olivier Cadiot. Depuis 1997, il a adapté et mis en scène plusieurs romans et textes de théâtre de cet auteur : Le Colonel des Zouaves, Retour définitif et durable de l’être aimé, Fairy Queen et, au Festival d’Avignon 2010, Un nid pour quoi faire et Un mage en été. En 2012, il présente à la Comédie de Reims l’intégrale du théâtre de Georg Büchner. En 2013, il met en scène La Voix humaine d’après le livret de Jean Cocteau. Il crée Lear is in Town pour la 67e édition du Festival d’Avignon, d’après Le Roi Lear de William Shakespeare, dans une traduction de Frédéric Boyer et Olivier Cadiot.

    En 2014, il met en scène Le Regard du nageur, écrit et interprété par Christèle Tual, et crée Quai ouest de Bernard-Marie Koltès avec des comédiens grecs au Théâtre National de Grèce à Athènes. Il monte La Baraque de Aiat Fayez lors du festival Reims Scènes d’Europe en février 2015.

  • Distribution

    Avec
    Laurent Poitrenaux
    Christèle Tual
    Julien Storini
    Tom Politano
    Myrtille Bordier
    Alexandre Pallu
    Marion Barché
    Louise Dupuis

    Avec la participation des élèves de la Classe de la Comédie de Reims

    Scénographie Antoine Vasseur

    Lumières Sébastien Michaud

    Costumes Marie La Rocca

    Maquillage et coiffure Cécile Kretschmar

    Musique Pierre-Alexandre « Yuksek » Busson

    Dramaturgie Marion Stoufflet

    Assistanat à la mise en scène et vidéo Céline Gaudier

    Son et vidéo David Bichindaritz

    Ensemblier Éric Delpla

    Mouvement Stéfany Ganachaud

    Assistanat aux costumes Gwendoline Bouget

    Teintures et patines costumes Aude Amedeo

    Maquillage Mityl Brimeur

    Régie générale Jean-Luc Briand

    Production Comédie de Reims, Centre dramatique national

    Spectacle créé à la Comédie de Reims, oct. 2014

  • Revue de presse

    Choisissant de monter l’Avare (1668) en costumes modernes, il fait de Molière un visionnaire, un des premiers à avoir perçu le culte qu’on allait rendre à l’argent, dieu futur du capitalisme à naître. Qu’on se rassure : Harpagon n’est pas un trader. Chez lui, l’argent circule peu, il thésaurise ou alors pratique l’usure de manière gauche, quasi surréaliste. Admirablement incarné par un Laurent Poitreneaux apparemment ordinaire, affable, presque séduisant, cet avare-là pourrait être chacun de nous. Qui, dans une solitude de plus en plus grande, ne sait plus cultiver d’autre désir qu’accumuler. Veuf, se souciant peu de ses enfants, qu’il n’hésite pas à sacrifier, Harpagon est déjà dans un autre monde. Pour vaincre sa misère intérieure, il a juste fait le choix de se vouloir riche. Mais sans esbroufe, presque normalement, et cela, sournoisement effraie. (…) La troupe est brillante, le jeu provocateur, cru et cruel. On redécouvre le texte dans sa désespérance et sa beauté, bien plus proche de nous, de notre pauvreté avide, qu’on n’aurait osé l’imaginer

    Fabienne Pascaud, Télérama

    Harpagon dans « L’Avare » de Lagarde est un fanatique, comme Tartuffe. Sauf qu’Harpagon a remplacé Dieu par l’argent et qu’il est, dans son genre, un vrai dévot – vouant un culte aux affaires, à l’or qu’on accumule (et qu’on enterre dans son jardin). Senior en sportswear, énergique et jovial, il révèle sa nature, sa folie, par à coups ultra-violents. Laurent Poitrenaux, plus jeune que son personnage, en fait une bombe humaine toujours au bord de l’explosion. Un paranoïaque aigu qui vire au psychopathe quand il se livre à une fouille au corps poussé sur le valet de son fils, ou lorsqu’il met en joue le public, éclairé plein feux, pour démasquer le voleur de sa cassette. Aussi effrayant que drôle, le comédien instaure un climat inouï, mélange d’euphorie et de malaise.

    Dans une scénographie spectaculaire, qui montre l’envers du décor de la maison bourgeoise : l’entrepôt – « QG » où passent toutes les marchandises (containers, cartons), Lagarde orchestre une bataille rangée, physique et sans merci entre Harpagon et ses proches tyrannisés.

    Philippe Chevilley, Les Echos
  • En lien avec le spectacle

    • Prélude
      Jeudi 18 février 2016 à 18h30, une mise en perspective des enjeux du spectacle vous est proposée.En savoir plus
    • Rencontre après-spectacle

      Nous vous invitons à rencontrer des membres de l’équipe artistique, le jeudi 18 février 2016 à l’issue de la représentation.
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