La Cerisaie
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Du au
salle Roger-Planchon
2h10
du mardi au samedi à 20h sauf jeudi à 19h30,
dimanche à 15h30, relâche le lundi
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À propos
Nous sommes en Russie, vers 1900, aux prémices d’un siècle de grands bouleversements. Déjà, le monde est sur le point de basculer. Lioubov, propriétaire terrienne ruinée, symbole d’une aristocratie moribonde, est contrainte de mettre aux enchères le domaine familial, ainsi que la belle cerisaie. Lopakhine, fils de paysan nouvellement parvenu, propose une alternative à la vente : raser la cerisaie pour y construire des lotissements à louer aux estivants. Mais abattre ces arbres, c’est effacer les souvenirs qu’ils abritent : la mort d’un enfant dans le lac, l’histoire de ces gens qui ont poussé autour et dont la vie ressemble à des fleurs de cerisier, aussi fragiles qu’éphémères. Lioubov se replie dans la contemplation de ce monde disparu, fermant les yeux sur la société moderne et les mutations sociales qui arrivent avec perte et fracas. Désormais, une cerisaie dont les arbres ne donnent plus de fruits sera vouée à être rasée.
Le metteur en scène Tiago Rodrigues aborde cette rupture du côté d’un possible renouveau. Sa mise en scène sophistiquée laisse entrevoir, par-delà la confusion circonstancielle, la promesse de jours meilleurs. Il réunit dix comédiens et deux musiciens autour d’Isabelle Huppert, qui campe à merveille le rôle de Lioubov, tout en évanescence et complexité. Les interprètes s’attaquent avec vivacité au tout dernier drame d’Anton Tchekhov. Les voix du chœur s’enlacent, se heurtent, font entendre la vitesse à laquelle le monde change et le temps échappe ; un rythme exalté par la traduction de Françoise Morvan et André Markowicz, qui rappelle combien la langue tchékhovienne est une savoureuse partition pour la scène. Sous la plume du dramaturge, les phrases les plus anodines sont toujours susceptibles de soulever des interrogations infinies.
Travaillant au plus proche des acteurs et de leur vécu, Tiago Rodrigues monte rarement des textes classiques et lorsqu’il le fait, c’est pour interroger directement le monde dans lequel nous vivons. Présentée en juillet 2021 dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon dont le metteur en scène portugais prend la direction en septembre 2022, cette Cerisaie raconte aussi bien la trajectoire incertaine d’un groupe humain en crise que les espoirs portés par tous les « mondes d’après ».
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Vidéo
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Biographies
Anton Tchekhov
Il est né en 1860 à Taganrog en Russie. Après avoir étudié la médecine à l’université de Moscou, il commence à exercer à partir de 1884. Lorsque sa famille s’installe à Moscou après la faillite du père, il cherche à augmenter ses revenus en publiant des nouvelles dans divers journaux : Le Chant du cygne, Tragique malgré lui, Le Jubilé… Le succès arrive assez vite, mais la tuberculose le contraint à de nombreux déplacements pour trouver un plus favorable que celui de Moscou.
En 1878, Tchekhov rédige pour la première fois une pièce de théâtre, laquelle est dédiée à une actrice renommée et doit avoir pour titre Sans Père. Mais cette pièce, connue aujourd’hui sous le titre de Platonov, ne rencontre aucun écho favorable à Moscou ; cruelle et drôle, porteuse d’une réflexion lucide sur la nature humaine et sur la Russie, elle ne sera jamais jouée du vivant de Tchekhov. Viennent ensuite Ivanov et des pièces comiques courtes : L’Ours, La Demande en mariage, La Noce, Les Méfaits du tabac. Après le succès de La Mouette en 1898 au Théâtre d’Art de Moscou (alors qu’elle avait connu un échec retentissant lors de sa création à Saint-Pétersbourg en 1896), Anton Tchekhov devient l’auteur fétiche de la troupe de Stanislavski qui crée ses trois autres grandes pièces : Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie, interprétées par sa future épouse, Olga Knipper.
Bien qu’il se tienne à l’écart de l’engagement politique, Anton Tchekhov se montre sensible à la misère d’autrui. Il ouvre des dispensaires, soigne gratuitement les plus pauvres, et favorise la création de bibliothèques. En 1890, malgré la maladie, il fait un séjour d’un an au bagne de Sakhaline pour témoigner des conditions d’existence des bagnards (L’Île de Sakhaline, 1891).
Il meurt en Allemagne, lors d’une cure dans un sanatorium, à l’âge de 44 ans. Il est enterré à Moscou, au cimetière de Novodevitchi. Dans son œuvre, les personnages sont terriblement humains, égarés entre leurs regrets et leurs espoirs. Les nouvelles d’abord (près de 650), le théâtre ensuite, font de Tchekhov, de son vivant, une gloire nationale russe, à l’égal de Dostoïevski et de Tolstoï.
André Markowicz
Né en 1960, il a passé ses premières années en Russie. Depuis 1981, il a publié plus d’une centaine de volumes de traductions, d’ouvrages de prose, de poésie et de théâtre. Il a participé à plus d’une centaine de mises en scène de ses traductions, en France, au Québec, en Belgique ou en Suisse. Il a traduit l’intégralité des œuvres de fiction de Fédor Dostoïevski pour les éditions Babel/Actes sud (45 volumes), le théâtre complet de Nicolas Gogol, Du malheur d’avoir de l’esprit d’Alexandre Griboïédov, les pièces d’Alexandre Pouchkine (Scènes dramatiques et Boris Godounov) et son roman en vers Eugène Onéguine, le Bal masqué de Mikhaïl Lermontov, Cœur ardent, La Forêt et L’Orage d’Alexandre Ostrovski, ainsi qu’une quarantaine d’autres pièces d’auteurs aussi différents qu’Alexandre Soukhovo-Kobyline, Léon Tolstoï, Leonid Andreev, Maxime Gorki, Nicolas Erdman, Evguéni Schwartz, ou Alexandre Vvédenski. Il a traduit, en collaboration avec Françoise Morvan, le théâtre complet d’Anton Tchekhov et Le Songe d’une nuit d’été, puis, seul, quatorze pièces de William Shakespeare. En 2011, dans Le Soleil d’Alexandre, il rassemble et présente les poèmes et la vie des poètes de la génération d’Alexandre Pouchkine. Il a publié quatre recueils de poèmes : Figures, Les gens de cendre, L’emportement et Herem. Ses derniers livres sont parus aux éditions Inculte : Partages, Ombres de Chine et L’Appartement. Il est lauréat du prix de traduction Nelly Sachs 2012. En 2019, il cofonde avec Françoise Morvan les éditions Mesures.
Françoise Morvan
Autrice, traductrice, essayiste et poétesse, elle est née et vit en Bretagne. Spécialiste de littérature populaire, elle écrit des spectacles, des chansons et des livres pour enfants, ainsi que des ouvrages sur les fées et les lutins. Elle dirige la collection “Les grandes collectes” aux éditions Ouest-France. Elle a notamment traduit des Lais et des Fables de Marie de France, le théâtre complet de John Millington Synge et, avec André Markowicz, le théâtre complet d’Anton Tchekhov. En 2005, son essai Le Monde comme si (nationalisme et dérive identitaire en Bretagne) paraît aux éditions Actes Sud. En 2019, elle fonde avec André Markowicz la maison d’édition Mesures. Elle y publie Sur champ de sable, une œuvre conçue en quatre saisons suivant quatre âges de la vie : Assomption, Buée, Brumaire et Vigile de décembre.
Tiago Rodriguez
Depuis ses débuts en tant qu’auteur, à l’âge de 20 ans, il a toujours envisagé le théâtre comme une assemblée humaine : un endroit où les gens se rencontrent, comme au café, pour y confronter leurs idées et partager leur temps. Alors qu’il est encore étudiant, il croise pour la première fois la compagnie tg STAN en 1997 qui confirme son penchant pour un travail collaboratif sans hiérarchie. La liberté rencontrée avec ce collectif belge influencera à jamais ses futurs travaux.
En 2003, il cofonde avec Magda Bizarro la compagnie Mundo Perfeito, avec laquelle il crée et présente près de 30 spectacles dans plus de 20 pays. Il participe régulièrement au Festival d’Automne à Paris, au METEOR Festival en Norvège, au Theaterformen en Allemagne, au Festival TransAmériques au Canada, au kunstenfestivalsdesarts en Belgique, etc. Il collabore avec un grand nombre d’artistes portugais et internationaux, ainsi qu’avec des chorégraphes et des danseurs. Il enseigne le théâtre dans plusieurs écoles, notamment l’école de danse belge PARTS, dirigée par la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker, l’école suisse des arts performatifs La Manufacture et le projet international L’École des Maîtres.
Parallèlement à son travail théâtral, il écrit des scénarios pour des films et des séries télévisées, des articles, de la poésie et des essais. Ses pièces les plus récentes, récompensées par divers prix nationaux et internationaux, lui ont permis d’accroître sa notoriété internationale. Ses œuvres les plus notables sont By Heart, Antoine et Cléopâtre, Bovary, Sa façon de Mourir et Sopro, jouée au Festival d’Avignon en 2017. Il a récemment créé Please Please Please, co-créé avec les chorégraphes Mathilde Monnier et La Ribot. Qu’il combine des histoires réelles à de la fiction, qu’il revisite des classiques ou adapte des romans, le théâtre de Tiago Rodrigues est profondément ancré dans la notion d’écrire avec et pour les acteurs, recherchant une transformation poétique de la réalité grâce aux outils du théâtre. Cette aspiration est évidente dans des projets tels que l’Occupation Bastille, occupation artistique du Théâtre de la Bastille par près d’une centaine d’artistes et de spectateurs, qui a eu lieu en 2016. En 2018, il est récompensé par le XVe Prix Europe Nouvelles Réalités Théâtrales. La même année, il est distingué par la République française avec le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Directeur artistique du Teatro Nacional D. Maria II depuis 2015, il est nommé directeur du Festival d’Avignon en juillet 2021 et prend ses fonctions en septembre 2022.
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Distribution
avec Isabelle Huppert, Isabel Abreu, Tom Adjibi, Nadim Ahmed, Suzanne Aubert, Marcel Bozonnet, Océane Cairaty, Alex Descas, Adama Diop, David Geselson, Grégoire Monsaingeon, Alison Valence, Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves
musiciens Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves
collaboration artistique Magda Bizarro
scénographie Fernando Ribeiro
lumières Nuno Meira
costumes José António Tenentemaquillage, coiffure Sylvie Cailler, Jocelyne Milazzo
musique Hélder Gonçalves (composition), Tiago Rodrigues (paroles)
son Pedro Costa
assistanat à la mise en scène Ilyas Mettiouiconstruction du décor les Ateliers du Festival d’Avignon
confection des costumes les ateliers du TNPproduction Festival d’Avignon
coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre National Dona Maria II, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Comédie de Genève, La Coursive, scène nationale de la Rochelle, Wiener Festwochen, Comédie de Clermont Ferrand scène nationale, National Taichung Theater, Teatro di Napoli – Teatro Nazionale, Fondazione Campania Dei Festival – Compania Teatro Festival, Théâtre de Liège, Holland Festival, International Theater Amsterdam
soutien Fondation Calouste Gulbenkian, DC&J Création, Tax Shelter du Gouvernement Fédéral de Belgique et de Inver Tax Shelter
résidence à La FabricA du Festival d’Avignon et à l’Odéon – Théâtre de l’Europe
Spectacle créé le 5 juillet 2021 dans le cadre du 75è Festival d’Avignon
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Rendez-vous
- Les jeudis du TNP
→ Rencontre après spectacle
À l’issue de la représentation, nous vous invitons à un bord de scène avec l’équipe artistique.
jeudi 8 septembrePlus d’infos
- Chez nos voisins
→ Dans la mesure de l’impossible, texte et mise en scène Tiago Rodrigues,
du 19 au 22 octobre 2022
et Iphigénie, texte Tiago Rodrigues, mise en scène Anne Théron,
du 18 au 22 janvier 2023
aux Célestins – Théâtre de Lyon
theatredescelestins.com
→ Antoine et Cléopâtre, texte et mise en scène Tiago Rodrigues,
du 4 au 7 avril 2023
au Théâtre de la Croix-Rousse
croix-rousse.com
- Les jeudis du TNP
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Documentation
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