Rencontre avec deux acteurs culturels de Villeurbanne

Villeurbanne, une culture de la différenciation

Jean-Paul Bret et Sonia Bove ont tous deux largement contribué à l’essor de la vie culturelle à Villeurbanne. En matière d’art et de culture, cette ville de 155 000 habitants dispose aujourd’hui de formidables équipements : l’ENM, le Rize, l’IAC ou la Maison du Livre, de l’Image et du Son n’en sont que quelques exemples. Jean-Paul Bret et Sonia Bove, deux acteurs culturels complices, sont invités au TNP pour échanger autour des actions qu’ils ont menées les quarante dernières années.

Exerçant des fonctions électives à la mairie de Villeurbanne dès 1977, Jean-Paul Bret a longtemps été adjoint à la culture. Il a vu se poser les piliers qui lui permettront ensuite, en tant que maire, de penser une politique culturelle toujours plus ambitieuse, avec pour fil rouge une volonté de différenciation. Selon lui, cette différenciation, loin d’être un acte revêche de résistance, a été le moteur pour permettre à Villeurbanne de choisir son identité propre, et de ne pas se résoudre au statut de banlieue dans l’ombre de sa grande voisine, Lyon. C’est ainsi que son histoire s’est écrite et continue de s’écrire. Une histoire si riche que Jean-Paul Bret confia à Sonia Bove, à partir de 2001, le soin d’imaginer un lieu où les Villeurbannais pourraient se pencher sur leur mémoire, regarder leur passé pour s’emparer de leur avenir commun : le Rize.

Par goût depuis son plus jeune âge, puis avec une pratique professionnelle dans le domaine de la danse, du théâtre et de la photographie, Sonia Bove a fait de son univers artistique une manière de vivre sa vie. Enracinée depuis longtemps à Villeurbanne, elle s’est engagée avec bon sens, engagement citoyen et audace, aux côtés de Jean-Paul Bret, jusqu’en 2014.

Comment anime-t-on un territoire par la pensée ? Comment participe-t-on à l’écriture du récit d’une ville ? Comment garder vivante la mémoire, l’histoire d’une ville et de ses habitants ? Depuis le « désert culturel » des années 1970 jusqu’à la nomination « capitale française de la culture » en 2022, Villeurbanne offre un modèle singulier, riche d’espoirs. Faire le récit de ces quarante dernières années ne semble pas superflu à l’heure où le doute plane autour des politiques culturelles, et plus largement, des politiques publiques.

Mais ce n’est ni en spécialistes des politiques culturelles, ni en universitaires que Jean-Paul Bret et Sonia Bove prendront ici la parole, mais bien en agents de terrain, et peut-être avant tout en amoureux de Villeurbanne. Au gré de cette conversation, à travers des exemples précis et des anecdotes, ils livreront leur croquis personnel d’une ville qui ne cesse de cultiver son art de la différence.